Aujourd’hui, l’employeur a une obligation de résultat concernant la santé et la sécurité des salariés dans l’entreprise.

C’est une protection tout à fait importante et qui a, si on y réfléchit un peu, tout pour au minimum, stresser nos dirigeants et DRH. Comment pouvons garantir à chaque collaborateur qu’il ne risquera jamais RIEN dans ce monde professionnel en perpétuel évolution ?

Et pourtant, c’est bien la teneur de l’obligation qui est faite aujourd’hui à chaque entreprise.  Notre monde, dans l’entreprise comme dans la vie quotidienne, est devenu ultra-protectionniste.

Nous ne parlons bien évidemment pas uniquement de la santé physique, mais aussi de la santé mentale des collaborateurs. Citons ici les fameux risques psychosociaux et le sacro-saint «  Burn Out » qui ont pointé le bout du nez dans les maladies professionnelles (quoique de jurisprudence récente, une marche arrière serait en cours…)

Pourquoi en est on arrivé là ?

Comme bien souvent la loi est venue encadrer un domaine où nous aurions pu imaginer que le bon sens aurait  suffi. Quel intérêt pour une entreprise de faire courir des risques dans ces domaines à ses salariés ?  Comment peut on imaginer que certains patrons feraient fi de la santé, voire de la vie de leurs employés ?  Comment penser que la pression sur les collaborateurs pourraient apporter de meilleurs résultats que la prise en compte de leur bien-être ? et pourtant…

Alors devant les abus de toutes sortes, la loi s’est imposée comme seul moyen régulateur de ces situations parfois dramatiques. Les textes en vigueur sont sans équivoque : c’est à l’employeur et donc au dirigeant et à son DRH de veiller à la santé de ses employés, fusse à leur corps défendant !

Un exemple vécu ?

Situons nous dans un entrepôt, appartenant à une entreprise de distribution spécialisée de mode féminine.  Nous avons un magnifique établissement, sur 3 niveaux,  bâtis métalliques et passerelles pour accéder de l’un à l’autre. Nous sommes à l’approche des fêtes, l’activité est au plus haut et chaque opératrice est sur le pont. Toutes… Même Michèle qui reprend son travail après un arrêt de plus de 4 mois. Tout va bien, le médecin du travail a autorisé sa reprise.

Pour autant, Michèle n’est pas dans son état normal. Entendez qu’elle est sous médicament, sous antidépresseur fort. Mais cela, ni le PDG de l’entreprise, ni le DRH, ni le responsable de l’entrepôt ne sont informés. Peut être même pas le médecin du travail… Secret médical oblige, nous n’en saurons rien.

L’activité de picking matinal bat son plein ce matin là. Chacune à sa tache, il n’y a pas de temps à perdre. Michèle a voulu reprendre, pensant que cette période d’activité forte lui changerait les idées, lui ferait du bien : elle aime particulièrement son métier : toucher les produits,  préparer les commandes, imaginer les femmes qui achèteront cette belle robe…

Et c’est l’accident : Michèle fait tomber un manteau en le décrochant, celui-ci tombe sur la grille de protection qui évite justement de tomber au rez de chaussée. Michèle enjambe la  rambarde, marche sur la grille, se penche pour ramasser cette pièce…. Et bascule dans le vide. Elle est heureusement freinée dans sa chute par les étagères entreposées en dessous. Ses collègues la trouvent inanimée mais vivante.  Le même accident à l’autre extrémité de l’entrepot eut été fatal, sa vie n’a tenu qu’à une étagère !

Branle bas de combat ! Les pompiers et le SAMU arrivent. Leur prise en charge est parfaite et Michèle est hospitalisée très rapidement pour recevoir les premiers soins. Elle restera inconsciente plusieurs heures et ne se rappelera que plusieurs semaines après ce qui lui est arrivé.

Les secours sont suivis par la police, l’inspection du travail, le médecin du travail, la CNAVTS… Chacun y va de son enquête. Après avoir vérifié qu’il ne s’agissait pas d’un acte malveillant, ils vérifient que les régles de sécurité sont respectées. Et c’est là que les difficultés commencent. Comment faire lorsque tout votre processus est parfaitement sécurisé mais que c’est le salarié lui-même qui contrevient aux règles de sécurité ?  

Dans le cas qui nous occupe, des réunions d’informations, de la formation prévention aux régles de sécurité avaient été faites régulièrement. Cela ne suffit malheureusement pas. Ici, c’est l’état d’esprit des salariés qui doit évoluer :  mettant en avant l’amour du travail bien fait, de la rapidité et de la meilleure productivité, chaque opérateur a confirmé, malgré leurs connaissances du risque, procédé tout comme l’avait fait Michèle et même CONTINUER à le faire depuis l’accident ! Pour eux, le problème était que Michèle était sous l’emprise de médicaments et non sa transgression des régles ! Il a fallu faire preuve de beaucoup de pédagogie, modifier le système de primes qui favorisait la productivité, et aussi ajouter, après les grilles de protection des filets couvrant tout l’étage pour éviter tout risque futur.

Le problème, c’est que le prochain accident ne se produira certainement pas à ce niveau là. Au fait, savez vous quel poids supportent ces rayonnages qui couvrent l’ensemble du rez de chaussée ?

Avez-vous vérifié le poids des articles entreposés dessus ? Oui ? parfait… Chaque jour ?

 Etes vous surs que le fenwick qui le heurterait malencontreusement, ne le ferait pas basculer ?

 Avez-vous vérifié que les opérateurs, voulant bien faire, n’ont pas entreposés les livraisons devant les issues de secours, ainsi les condamnant ?

Alors comment remplir son rôle au mieux, lorsqu’on est dirigeant ou DRH, au regard de la sécurité et à la santé au travail ?

Tout d’abord, arrêter de voir le sujet comme une contrainte légale et non un facteur d’amélioration de son entreprise. Vous avez différentes instances qui doivent vous aider sur le sujet, n’oubliez pas de les solliciter, de les impliquer.

Vous devez mettre en place une DUERP (déclaration unique d’évaluation des risques professionnels). Faites la en impliquant les managers, le CHSCT, le CE, la médecine du travail et la CNAVTS. En rentrant dans le vif du sujet, vos managers vont prendre conscience des risques. Cela permettra aussi de créer l’ échange avec vous, parfois revoir les objectifs en fonction des contraintes terrain et permettre à chacun d’être plus sereins.

Avec les collaborateurs, une fois par an, faites un point sur leurs conditions de travail, leur charge de travail, et leur état d’esprit. Parfois, vous prendrez ainsi connaissance de difficultés qui, à la source, sont simples à résoudre mais risqueraient de s’enquister si elles ne sont pas traitées.

Bref, ouvrez les yeux et impliquez vous personnellement dans ces sujets. Montrez l’exemple, dites ce que vous considérez comme hors jeux, y compris pour atteindre les objectifs fixés.  Faites de cette loi un outil d’amélioration de vos pratiques professionnelles et du bienêtre de vos collaborateurs.

Et que diriez vous d’améliorer sensiblement votre bilan RSE (Responsabilité Sociétale de l’entreprise)  et de pouvoir communiquer fièrement sur vos réalisations ?

 

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